Faites-vous confiance les uns aux autres !

Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ! » (Jn 15,15). Un serviteur dit « oui » à son maître mais il n’est pas libre, il fait son travail par obligation. Un ami dit « oui » gratuitement par amour. Parce qu’il aime et est aimé. Jésus a choisi chacun de nous et notre « oui » fait de nous un ami du Seigneur : Rann kow kont’ … nou sé kanmarad Jézi ! Jésus transforme ses serviteurs en amis.

Cette amitié repose sur la confiance du Maître, mais aussi, en réponse, sur la confiance du serviteur : Il nous a montré le chemin de la confiance : « Il n'a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu » (Ph 2,6). Pour nous, il s’est entièrement remis au Père. Abandonnant son manteau de lumière, Il est entré jusque dans sa passion volontaire. Il a payé le prix fort pour devenir notre ami. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13) ! C’est pourquoi notre alliance avec Lui est établie dans une confiance absolue. Le baptême dans sa mort est la validation d’un contrat-confiance entre Lui et nous, personnellement et en Église.

Nous lui faisons confiance, mais Lui aussi a mis sa confiance en chacun de nous et en l’ensemble de la communauté. Il nous a choisis comme serviteurs & amis : prêtres, baptisés, mais aussi en tant qu’Église. Il nous a choisis, nous l'Église en Martinique, pour « annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle, délivrer les captifs et rendre la vue aux aveugles » (Lc 4,18) en Martinique. Vous et moi avons été trouvés, appelés et envoyés par le Seigneur.

Alors ? Sommes-nous conscients, malgré nos faiblesses et les fumées de Satan, de la confiance et de l'ambition que Dieu a pour nous ? ! Si Dieu, qui sait nos péchés, a choisi de nous faire confiance, pourquoi ne pas choisir de nous faire confiance les uns les autres !? Celui qui ne sait pas faire confiance à son frère qu'il voit, ne saurait faire vraiment confiance à son Père qu'il ne voit pas ! (cf. 1Jn 4,20) Les deux types de confiance sont liés ! Je fais confiance à mes frères au nom de la confiance que Dieu leur fait !

Le Malin fait tout pour détruire la confiance que nous avons les uns envers les autres. Crimes, trahisons, abus, etc. il y a mille raisons de se méfier. Certains ont été abusés à cause de la naïveté d’une confiance aveugle, d’autres se sont embourbés dans la suspicion. Même parmi, les chrétiens, la foi et l’espérance de nombreuses âmes sont infectées par le scepticisme. Au prétexte de toute sorte de « bonnes » raisons, on finit par ne plus accorder foi à personne : ni au maire, ni aux médias, ni au patron, ni aux collègues, ni aux proches, etc. L’épidémie de méfiance n’épargne pas le clergé : même aux prêtres, aux évêques ou au pape, on ne donne plus le « Bon Dieu sans confession ». Le diable, passé maître dans l’art du soupçon, nous induit à toutes sortes d'autoprotection, amertume, individualisme, critique ou couardise...

Eh bien, de même que le soupçon et la violence sont les armes du diviseur, la confiance est le ciment de la communion ecclésiale ! La confiance suscite le désir de comprendre, ouvre le chemin de la Vérité, procure la sécurité psychologique qui rend libre et permet la joie de l’Amour. Jésus nous donne le mandat d'inspirer la confiance en ce monde, de donner le goût de l’engagement et de susciter l'enthousiasme. Á chacun, de répondre à cet appel par amour en rejetant la méfiance et en choisissant la Confiance. Ainsi commence la Communion des saints !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France